De la grammaire de l’oral professionnel spontané
Gérard Mercelot (Emden - Leer, Allemagne)

Résumé
Basée sur les chapitres des manuels de grammaire corédigés par H.-W. Klein et H. Kleineidam et à partir d’enregistrements d’interactions authentiques issues du monde du travail, cette contribution présente certaines caractéristiques grammaticales de l’oral professionnel spontané, en l’occurrence technico-commercial. Nous aborderons d’abord quelques spécificités des parties du discours telles que les noms, l’emploi des déterminants en prenant l’exemple des indications temporelles, les pronoms person­nels, la fonction adverbiale, les numéraux, la phrase interrogative et les prépositions. Ensuite, nous traiterons du passif et de la négation ainsi que de la syntaxe de la langue parlée. Enfin, nous nous interrogerons d’une part sur l’interprétation pragmatique des énoncés, d’autre part sur la question du format de l’unité de description.


1 Introduction
Sprechen und Schreiben sowie verstehendes Hören und Lesen sind besondere Formen menschlichen Handelns. (Klein & Kleineidam 1985: 7)
C’est par cette phrase et donc par le verbe substantivé Sprechen que commence la Französische Grundgrammatik (1985), un des manuels que Hartmut Kleineidam a rédigés avec Hans-Wilhelm Klein. Cette mise en parallèle des deux codes et des quatre compétences communicatives traduit le dessein des auteurs1 de ne négliger ni la production ni la compréhension orales, parents pauvres de la plupart des grammaires. Cette volonté se manifestera tant dans cet ouvrage que dans la Grammatik des heutigen Französisch (1983) par de fréquentes remarques sur les particularités de la langue parlée.
C’est dans cette continuité que souhaite s’inscrire notre contribution consacrée à la grammaire de l’oral professionnel spontané. En nous basant sur les données fournies par des enregistrements ou des transcriptions d’interactions authentiques issues du monde du travail, nous présenterons certaines caracté­ristiques grammaticales de l’oral professionnel spontané, en l’occurrence techni­co-commercial. Après avoir défini ce que nous entendons par oral professionnel spontané, nous exposerons quelques phénomènes relevant de la catégorie des parties du discours comme le nom, l’emploi des déterminants dans les indications temporelles, les pronoms personnels, la fonction adverbiale, les numéraux et les prépositions. Puis, nous traiterons de la phrase interrogative, du passif et de la négation ainsi que de la syntaxe de la langue parlée. Enfin, nous nous interrogerons d’une part sur l’interprétation pragmatique des énoncés, d’autre part sur les différentes unités de description proposées par la linguistique pour appréhender la langue parlée (phrase, acte de parole, macro-syntaxe). Hormis la question de l’interprétation pragmatique figurant dans le premier chapitre de la Grammatik des heutigen Französisch et de la Französische Grundgrammatik, nous suivrons l’ordre de présentation et repren­drons les dénominations françaises de ces deux manuels.
Les exemples illustrant les points de grammaire abordés dans cette contribution proviennent soit d’extraits de transcriptions d’interactions authentiques publiés dans les ouvrages de Neu (2011), de Thörle (2005) et de Mercelot (2000 et 2006), soit d’enregistrements réalisés par l’auteur ou mis à sa disposition par d’autres chercheurs.

2 Définition de l’oral professionnel spontané
L’oral professionnel spontané se réfère à l’oral produit lors d’interactions entre professionnels dans l’exercice de leur fonction. Dans le domaine technico-commercial, les interactions transcrites dans les publications mentionnées supra se concrétisent sous la forme de négociations entre donneurs d’ordres et fournisseurs, de réunions d’équipes dirigeantes d’un ou de plusieurs sites d’un groupe industriel, de réunions de maîtrise, de planification et d’équipe de colla­borateurs. Les finalités de ces échanges, en étroite dépendance des respon­sabilités assumées par les locuteurs dans leur entreprise respective, relèvent de l’ordre pragmatique du « dire pour faire », c’est-à-dire de la création ou de la modification d’éléments de l’environnement professionnel (prix, délai de livraison, organisation logistique, etc.), de l’élaboration de cahiers de charges ou de protocoles d’actions en cas de tests ou de réclamations ou encore de l’amélioration de la collaboration des équipes impliquées dans un processus. Cet oral est spontané parce que les locuteurs prennent la parole sans avoir auparavant préparé leurs interventions et sans l’aide de support écrit tels que notes ou diapositives de logiciels de présentation, en communiquant en face à face, par téléphone ou vidéoconférence.
Une dernière précision semble nécessaire pour éviter tout malentendu. L’oral professionnel spontané ne constitue pas une langue distincte, mais présente des singularités par rapport au français écrit standard en raison des contraintes dues soit au caractère professionnel des interactions, soit au mode de communication orale, deux domaines peu étudiés et dont les résultats des recherches sont, par conséquent, peu répercutés dans les grammaires. Les phénomènes présentés ci-dessous viennent donc s’ajouter à ceux décrits dans les manuels ou les préciser, mais ne sauraient les remplacer.

3 Les parties du discours
3.1 Le nom
Premier représentant de la catégorie des parties du discours, le nom semble obéir à deux injonctions contradictoires, le principe d’économie et le besoin de précision. Ainsi, pour satisfaire au premier, une partie des substantifs se voit tronquée de ses dernières syllabes selon le procédé de l’apocope :
com(mission), manip(ulation), visio(conférence)
d’autres sont constitués d’un sigle (interne à une branche, voire à une seule entreprise) :
comex (commission d’expertise)
MOD (main d’œuvre directe)
rq (réclamation qualité)
d’autres encore formés en ne gardant que le dernier constituant d’un syntagme nominal :
la quatorze (la fiche n° quatorze)
i s’peut qu’ils aient que du 2DIN (des pièces conformes à la norme 2DIN)
vous allez avoir du deux quarante cent soixante (des panneaux publicitaires mesurant deux mètres quarante sur cent soixante centimètres)
j’vais pas pouvoir faire 2000 chine ; on l’a pas en chine (pièces destinées à l’exportation en Chine)
L’exigence de précision entraîne par contre l’emploi de noms composés constitués de deux substantifs liés par une préposition :
agent de maîtrise
constat de problème
numéro d’ordre
voire de trois substantifs et d’une préposition :
problème de cabine de peinture
Cependant, même dans le cas des noms composés, le principe d’économie se maintiendra en jouant sur la simple juxtaposition de deux termes :
approvisionnement couvercle
constat problème2
problème qualité
ou, comme précédemment, de trois termes :
façade vide-poches
Ce mode de formation semble très productif dans la mesure où il peut aussi se retrouver à l’écrit3 et où d’autres types de lexie peuvent venir se souder au substantif initial : une séquence figée :
prix plein pot
un nombre et un nom propre :
prix quatre-vingt-quatre Paris pour prix valable en 1984 à Paris
des numéraux :
force un cinq à deux
pour force d’une puissance de 1,5 à 2, mesure de la moyenne de passages quotidiens devant un panneau publicitaire.
Ce type de construction lexicale par simple juxtaposition, qui pour Walter (2001 : 14-15) intensifie un procédé ancien et pour Deulofeu (2001 : 23-28) représente au contraire une véritable innovation, peut constituer une difficulté de compréhension. En effet, l’effacement de l’articulateur cache à un allophone ou à une personne étrangère au domaine le rapport de sens entre les substantifs. Ainsi une info(rmation) qualité n’est pas une information de qualité, selon le modèle d’un produit de qualité, mais une information concernant la qualité des produits. De même, un retour concessionnaire est une pièce renvoyée par l’intermédiaire et non le retour de ce dernier, terme à rapprocher de planche de bord retour. Le décryptage de tels syntagmes dépendra donc beaucoup moins d’indices linguistiques que de la connaissance du fonctionnement du circuit économique.

3.2 Les déterminants
La présentation des déterminants, de leur morphologie et de leurs différents emplois en catégories distinctes constitue un chapitre indispensable, un passage obligé, de tout manuel de grammaire. Or, ce système de description s’adresse particulièrement aux étudiants en lettres. Les autres apprenants, non-spécia­listes des langues, recherchent par contre les moyens d’exprimer diverses notions comme le temps ou le lieu, et non une analyse, aussi rigoureuse et exhaustive soit-elle, de ces parties du discours. Ainsi, en prenant l’exemple d’indications temporelles telles que date, durée ou délai, essentielles dans un contexte professionnel, on constate qu’elles sont dispersées entre les chapitres des articles, des démonstratifs, du déterminant zéro - à condition que ce dernier chapitre existe ou que cette notion figure dans l’index - qu’il faudrait en outre croiser avec celui des prépositions.
Dans le chapitre consacré aux articles sont mentionnés les dates précises avec ou sans jour de semaine correspondant à des occurrences du corpus telles que :
il a été fait le (lundi) vingt le programme 
le vendredi matin on nous a dit qu’on était en retard
les périodes dans le passé ou l’avenir précisées par un adjectif ou un syntagme :
la semaine dernière
le mois passé
la semaine prochaine
la semaine d’après
les moments de la journée d’une date précise, explicite dans le contexte discursif :
dans l’après-midi
les périodes de l’avenir ou du passé à compter de la date de l’énonciation :
sous les huit jours
sur les cinq derniers jours
Dans la sous-section dédiée aux démonstratifs figurent les moments de la journée au cours de laquelle l’énonciation a eu lieu :
ce matin
cet après-midi
ou les périodes du passé ou de l’avenir les plus proches de l’acte d’énonciation :
ce week-end on m’a programmé 2000 grises
la position de ces périodes sur l’axe du temps étant plutôt implicite.
Le déterminant peut être absent des indications désignant un jour précis de la semaine, formulation en concurrence avec celle comprenant l’article défini ex­posée supra :
jeudi on n’a pas fait les gris
ou un mois avec ou sans préposition
ce serait mars avril 
si c’est en avril nous on a pratiquement plus d’place
ou constituant le noyau d’un syntagme nominal :
début janvier tout début janvier ça devrait marcher
Enfin les rythmes de production se passent aussi d’un déterminant, mais peuvent être précédés d’une préposition :
on en commande 5000 (par) jour ; par semaine
Bien entendu, ces différents emplois peuvent être répertoriés dans un index à la fin du manuel, plus ou moins aisé à consulter, mais il serait souhaitable, surtout dans une perspective didactique communicative et actionnelle, de s’interroger sur la présentation adéquate des notions les plus fréquentes dans les pages d’une grammaire qui se voudrait d’apprentissage4.

3.3 Les pronoms personnels
Deux particularités systématiquement attestées de l’emploi des pronoms personnels conjoints sujets méritent d’être mentionnées. Devant voyelle, le u de la deuxième personne singulier est élidé :
t’as Sabotier qui expédie tout c’qui est fabriqué
Quant à la première personne du pluriel, on constate que le pronom régissant la conjugaison du verbe est on :
on pourrait étaler nos besoins
Le nous n’apparait qu’en renforcement :
nous on a pratiquement plus d’place
La seule occurrence de la désinence -ons précédée du pronom nous que nous avons relevée dans notre corpus5est insérée dans une structure que Klein et Kleineidam (1983: 288 et 1985: 105-106) qualifient de mise en relief :
C‘est nous qui avons joué avec le feu.
Mais, dans cette construction, le nous n’appartient pas aux pronoms conjoints, mais à la série des pronoms disjoints.
A contrario, dans des situations de communication orale non spontanée, le pronom nous marquera le caractère plus formel de la prise de parole. Ainsi, un très grand nombre de nous régissant un verbe tensé :
nous avons relevé, nous calculons, nous pouvons
à égalité quasi parfaite avec on :
on peut, on enlève, on a dit
figure dans la transcription d’une séquence établie par Thörle (2005 : 104-149). Il s’agit en fait d’une présentation monologale, d’une durée de onze minutes vingt secondes, à l’aide de transparents, des résultats d’un plan d’expérience par un jeune ingénieur stagiaire en présence de son chef de service et du directeur du site.
Quant aux pronoms disjoints ou toniques, il nous faut remarquer d’une part que ceux des troisièmes personnes peuvent aussi faire fonction de sujet dans l’oral professionnel spontané6 :
que lui contrôle de la même façon qu’lui
d’autre part qu’ils peuvent aussi s’employer sans cooccurrence avec un nom ou un autre pronom, comme dans l’exemple suivant :
moi ça les permanents ont prévenu
(dans le sens de « en ce qui (me) concerne, quant à (moi) »)7.
Qu’en est-il de la pronominalisation des entreprises, phénomène particulier, mais important dans l’oral professionnel ? Dans l’exemple suivant :
Velkswogan8 hélas il va pas est-ce qu’on peut exiger autre chose d’eux ?
nous pouvons observer que le locuteur dispose de deux variantes masculines, le singulier (il) pour le groupe industriel ou bien le pluriel (eux) pour les collabora­teurs, à moins qu’il n’hésite entre les deux, faute de norme attestée. Un corpus plus vaste que le nôtre serait le bienvenu pour approfondir cette question.
Par rapport aux descriptions grammaticales normatives des pronoms relatifs, il faut mentionner la concurrence entre dont et que comme le montrent les deux exemples suivants :
parfois on fait des programmes dont on (n’)a pas besoin
vs.
la logistique elle a deux choix ou elle engage des pièces que vous avez pas b’soin ou alors elle engage rien
D’après Blanche-Benveniste (1990: 72-74), on observerait ce phénomène de substitution surtout après avoir besoin ou parler. Il en va de même pour les relatifs dits neutres ce qui et ce que, fréquemment remplacés par qu’est-ce qui ou qu’est-ce que :
définissez qu’est-ce qui est bon qu’est-ce qui est pas bon
Parfois, les deux formes peuvent coexister dans la même intervention9 :
sans savoir qu’est-ce qu’y a au début d’la chaîne donc i sait pas trop c’qui passe
ce qui laisse penser qu’une éventuelle nuance de sens pourrait se refléter dans ce double emploi.

3.4 La fonction adverbiale
Dans le français parlé, la fonction adverbiale s’exprime parfois au moyen d’un adjectif, soit dans le cadre d’une paire adjacente10 :
L1 : c’est à vos dépens en fait
L2 : exact (pour : exactement / c’est exact)
soit au sein d’une intervention, comme dans les occurrences suivantes :
si on fait trop compliqué
ou (avec une très brève pause avant l’adjectif):
s’y avait pas ces histoires-là c’est vous qui passiez / automatique
On pourrait voir dans ces deux derniers emplois l’influence de ce que Charaudeau (1992 :46) appelle le français de la langue publicitaire, journa­listique et des slogans, surtout parce que dans notre dernier exemple, c’est effectivement un professionnel de la publicité qui s’exprime. Mais comment décrire conformément aux critères de la grammaire classique une occurrence comme :
le nombre d’absents que j’ai par semaine global atelier 
Bien que le sens en soit clair (le nombre d’absents que j’ai globalement par semaine dans l’atelier), pouvons-nous appréhender global atelier comme un syntagme adverbial dont l’origine serait à chercher dans la langue des différents tableaux de gestion des ressources humaines internes aux entreprises ? Produite par un apprenant lors d’un jeu de rôles ou d’une simulation globale, une telle formulation aurait certainement entraîné quelques remarques, voire corrections de la part de l’enseignant, mais énoncée par un francophone, elle interroge la notion de norme(s) et la représentation subjective que chaque professeur peut en avoir faute d’études sur la langue parlée établies à partir d’un corpus qualitativement et quantitativement représentatif.

3.5 Les numéraux
Indispensables dans les domaines technologiques, économiques et commer­ciaux, pour indiquer quantités, degrés, dimensions et autres opérations mathématiques, les numéraux se présentent dans toutes leurs variétés. Ainsi, même dans un corpus aussi restreint que celui à la base de notre contribution, on trouve d’une part des variantes régionales telles que septante, huitante et nonante, d’autre part plusieurs modes de verbalisation de la même quantité :
on a démarré à onze cent cinquante ppm au mois de mars
vs.
mille cent cinquante
Pour les nombres décimaux, le principe d’économie incite à omettre la virgule dans l’énoncé :
force un cinq à deux au lieu de un virgule cinq
Si les opérations permettant de donner des indications temporelles grâce à une soustraction, en logistique ou comptabilité, s’énoncent classiquement :
j-1, j-2 ou n-1
les dimensions s’expriment de la manière la plus concise possible :
quatre par trois
voire sans préposition
deux quarante cent soixante
Enfin, les fractions et leur verbalisation ne sauraient être négligées :
on a 7 sur 7 une équipe de caristes qui tournent 24 heures sur 24

3.6 Les prépositions
Dans le français parlé, parmi toutes les prépositions, la préposition sur connaît, depuis quelques décennies, un emploi inflationniste. Si une occurrence comme j‘te réponds sur la fiche correspond bien au sens traditionnel, on observe aussi la substitution d’autres prépositions de lieu comme à ou dans par sur devant le substantif ville ou un nom de ville ou de région :
sur des villes comme Luxeuil
le sondage avait laissé apparaître qu’il restait théoriquement 7 000 sacs en stock sur Besançon
je mettrai en option en 84 sur toute la Franche-Comté
On trouve également l’acception de portant sur :
un plan d’expérience sur le processus de brasage
et certains cas de référenciation :
on était en retard sur le gris
l’affaire des aérateurs sur la Chine11
Les autres emplois de cette préposition relèvent de l’expression du moyen (ex. : sur coup d’fil) et surtout des indications temporelles :
une campagne sur 8412
sur les cinq derniers jours213
A part le phénomène d’expansion illustré par la préposition sur, il faut aussi mentionner les transformations et / ou figements de syntagmes, créant des néo­logismes à classer parmi les prépositions, tels que du style à :
quand on a des problèmes critiques du style à aujourd’hui
ou genre :
une agence qui arrive à couvrir des villes genre Champignol
ce qui nous manquait c’est d’avoir d’abord une fiche technique genre liste instructions communes
Tous ces phénomènes devraient donc faire leur entrée dans une grammaire d’apprentissage qui tiendrait compte des particularités et de l’évolution de la langue orale, tant celle des adolescents, futurs professionnels, que des spécialistes d’aujourd’hui.

4 La phrase interrogative
Le corpus contient les trois formes d’interrogation : par intonation:
le financement, vous faites un prêt ?
avec est-ce que:
est-ce que vous pouvez obtenir une dérogation pour que éventuellement vos véhicules puissent rouler le treize avril ?
ou au moyen de l’inversion avec comme sujet un pronom personnel de la deuxième personne:
comment voulez-vous gérer?
un nom propre:
derrière que fait Sabotier?
ou un substantif:
Qu’a fait le fabricant?
Si les deux premières formes sont caractéristiques de la langue parlée, l’inversion, plutôt classée parmi les formulations de la langue écrite, détone dans ce contexte et mérite que l’on se penche sur son emploi. Situées au sein d’un récit, les occurrences recensées jouent un rôle d’articulation du discours et non de demande d’information adressée à autrui. C’est le locuteur lui-même qui donnera la réponse :
oui mais regardez les infos elles viennent euh comment voulez-vous gérer y a des infos qui le vendredi […]
j’suis d’accord avec toi i faut qu’y ait un respect absolu du programme par le fabricant d’une part à partir de l’engagement de Jean-Marie / derrière que fait Sabotier / i fait simplement une répartition des pièces critiques qui doivent partir […]
y a une casse sur la presse / qu’a fait le fabricant / eh bien il a tourné en 2DIN pour m’livrer des pièces en 2DIN mais forcément y a un surstock aujourd’hui […]
Ainsi l’interrogation par inversion employée dans la langue parlée pourrait jouer un rôle rhétorique, permettant au locuteur de poser la problématique et d’en apporter les éléments de réponse.

5 Les formes de phrase
Conformément à la terminologie de la Französische Grundgrammatik (Klein / Kleineidam 1985: 101), nous traiterons sous cette dénomination de la voie passive et des constructions négatives.

5.1 Le passif
Le discours oral spécialisé ne saurait se passer de la voie passive. Notre corpus en contient trois constructions:
  • la voie passive formée avec l’auxiliaire être :
y a des pièces qui sont produites en plus
vous avez déjà été consultés par la chambre de commerce?
  • la construction pronominale :
le problème qui se pose
une pelle qui s’use, ça se voit
et enfin,
  • le de explétif :
y avait un sondage de fait par un membre du groupe
y a eu une décision de prise
y a rien eu de signalé
Si les deux premières formations sont traitées dans les ouvrages de grammaire, il semble que la construction explétive ne soit pas prise en considération bien qu’il s’agisse dans certains cas d’un passif manifeste, puisqu’accompagné d’un complément d’agent (par un membre du groupe). Un premier argument per­mettant de considérer cette structure comme une alternative au passif a été fourni par Portier-Weber (1988) qui, dans sa thèse de doctorat, a démontré que le de explétif équivaut à une proposition relative affirmative du type qui + verbe être. Sur la base de son corpus constitué d’une centaine d’exemples authen­tiques, il serait donc particulièrement intéressant d’analyser les occurrences dans lesquelles le verbe être ferait véritablement office d’auxiliaire de formation du passif et de discriminer les conditions d’emploi de cette structure quand elle équivaut à la voie passive, comme cela a déjà été établi pour la forme pronominale (Klein / Kleineidam 1983 : 211-212). Le critère de discrimination avancé par Portier-Weber serait la présence d’un participe passé après le de explétif (fait, pris, signalé), qui permettrait de reconstituer une construction passive complète (qui a été fait, pris, signalé) contrairement à un adjectif (une place de libre)314.

5.2 La construction négative
Pour ce qui est de la formation de la négation, la particule ne est peu fréquente dans la langue parlée :
si jamais j’ai pas ces sacs je suis vraiment dans la panade
Cependant, les liaisons avec le pronom on ou tout autre sujet se terminant par un -n empêche de déterminer la présence ou l’absence d’un ne.
Dans notre corpus, le ne se maintient dans des expressions figées telles que ne quittez pas pour prier le correspondant, le cas échéant, de rester en ligne après la prise de contact avec le standard téléphonique. De même, les occurrences de aucun(e) comme déterminant du sujet sont suivies du ne :
aucune agence ne nous a parlé de ça
ce qui pourrait s’expliquer par le caractère plus littéraire de cette construction entraînant une plus grande conformité aux normes. Dans certains cas, il serait possible d’avancer un argument phonétique comme l’évitement d’un hiatus :
l’info n’est pas arrivée à eux
mais cette tendance n’est absolument pas systématique dans le corpus :
définissez […] qu’est-ce qui est pas bon
et ne peut donc servir de règles. Par contre, comme le souligne Blanche-Benveniste (2010 : 17 et 114), un même locuteur peut passer de 0% à 100% de ne de négation. C’est ce qui est également attesté dans notre corpus, l’exemple suivant ne contenant que des négations complètes:
le deuxième dysfonctionnement il est chez vous il chez Vo qui ne travaille pas comme les autres constructeurs on ne vit pas ça avec PA on ne vit pas ça avec Re on ne vit pas ça avec To
L’analyse détaillée de ce passage révèle deux autres aspects qui le distinguent du reste de l’intervention : un ralentissement du débit par rapport à la norme individuelle du locuteur et l’expression d’une critique. Un autre exemple déjà mentionné ci-dessus (aucune agence ne nous a parlé de ça) présente également la même combinaison de phénomènes: débit plus lent, négation complète et un acte de langage délicat à exprimer, une sorte de déclaration de bonne foi faisant suite à l’expression plus ou moins explicite d’un doute. Un débit assez lent impliquerait éventuellement une formulation plus conforme aux normes, surtout dans le cas d’actes de langage tels que critiques ou réfutations d’un doute, pouvant représenter une atteinte à la face d’autrui ou des déclarations « solennelles », telles qu’elles pourraient être prononcées devant un juge. Hasard ou convergence, les deux exemples cités par Blanche-Benveniste (2010 : 114) pour illustrer la présence du ne dans la langue parlée se rapportent également à des thèmes juridiques : non la loi n’est pas mal faite et le capital n’est pas ouvert au public. Une analyse d’interactions juridiques spontanées pourrait donc renforcer ou infirmer cette hypothèse.

6 La syntaxe
Après avoir abordé séparément quelques caractéristiques des parties du discours dans l’oral professionnel spontané, nous pouvons maintenant nous demander quels types d’organisation relient, dans le domaine de la syntaxe, ces divers éléments avec un verbe recteur. Blanche-Benveniste (2005 : 55-77) distingue les dispositifs directs, les doubles marquages, les dispositifs d’extrac­tion (Klein et Kleineidam 1988 : 105) regroupent ces deux derniers procédés sous la dénomination de mise en relief) et les dispositifs pseudo-clivés.
Les dispositifs directs se réfèrent aux constructions combinant directement les éléments que sont les sujets, les verbes et les objets, soit dans l’ordre S-V-O (ex. : on a un surstock), soit en faisant précéder le sujet et le verbe par l’objet qui peut alors porter un accent d’insistance :
ça vous chargez pas 
telle référence vous chargez pas
Dénommé aussi « dislocation du sujet » (Blanche-Benveniste 2010 : 13), le procédé de double marquage consiste à présenter dans la même unité de sens le sujet ou l’objet sous la forme d’un substantif et d’un pronom :
elle est trop complète la palette
une journée d’avance on l’a pas en Chine
Le dispositif d'extraction permet au moyen de la structure c’est…qui / c’est…que de mettre le sujet ou l’objet en valeur en l’extrayant du dispositif direct :
c’est ça qui m’dérange
c’est un sujet que je voulais aborder
Claire Blanche-Benveniste décrit le dispositif pseudo-clivé ainsi :
La première partie comporte la formulation verbale, réalisée d’une façon qui crée une attente : un des éléments régis […] est réalisé sous une forme non lexicale suspensive, qui laisse attendre une réalisation ultérieure sous forme de lexique […] ; entre les deux, le verbe d’équivalence c’est […]. (Blanche-Benveniste 2005 : 62)
En voici deux exemples issus de notre corpus: c’qui nous manquait c’est d’avoir d’abord une fiche technique; c’que j’veux c’est un estimatif.

7 L’interprétation pragmatique
La combinaison de parties du discours conformément aux structures syntaxiques énumérées ci-dessus ne représente que la surface d’une interaction. Dans les chapitres d’introduction à la Französische Grundgrammatik (Klein & Kleineidam 1988 : 7) et à la Grammatik des heutigen Französisch (Klein & Kleineidam 1983 : 11), Klein et Kleineidam exposent la problématique de la communication et donc de l’interprétation pragmatique. Ils y démontrent qu’une assertion telle que il y a une fenêtre qui est ouverte peut, selon la situation, se comprendre comme une prière de fermer la fenêtre pour éviter un courant d’air, comme une constatation que l’on est déjà en train d’aérer la pièce ou comme une proposition de pénétrer dans la maison pour la cambrioler. Cet exemple montre que les intentions pragmatiques des locuteurs, pour de nombreuses raisons, ne se coulent pas systématiquement dans le moule prévu par la description canonique des modes verbaux. Cette question est d’autant plus essentielle dans le cadre de la vie professionnelle que les formulations et donc les interprétations dépendent également d’aspects culturels réglant les relations entre les individus au sein des entreprises ou des institutions. Illustrons ce point par trois occurrences extraites de notre corpus :
vous regardez ?
il faudrait s’occuper de ça
j’ai entendu
Grammaticalement, nous avons affaire à une interrogation et à deux assertions, la première impersonnelle au conditionnel, la seconde personnelle au passé composé. Or, à chaque fois, il s’agit d’une injonction de la part d’un directeur d’usine à un ou plusieurs de ses collaborateurs, sans recours à l’impératif, que nombre de grammaires longtemps consultées par les apprenants de français langue étrangère présentent pourtant comme le mode permettant d’exprimer un ordre sans autre précision sur la situation ou les rapports entre locuteur et destinataire415. Dans le premier cas, il semblerait que la forme interrogative corresponde à une stratégie culturelle d’évitement d’un ordre direct tout en n’impliquant dans la réalité aucune possibilité d’objection ou de refus. Charaudeau (1992 : 582) classe aussi la forme interrogative, en fonction de l’intonation et du statut du locuteur, parmi les configurations implicites de l’injonction. La deuxième occurrence pourrait, en outre, traduire la toute-puissance du supérieur dans les organisations françaises dans lesquelles ses désirs sont des ordres et qui, donc, n’aurait pas à s’appuyer sur un impératif pour les exprimer. D’après nos entretiens avec des ressortissants allemands entretenant des contacts professionnels avec des Français, ces deux formes d’injonction (interrogation et verbe impersonnel au conditionnel) seraient fréquemment à l’origine de malentendus, parce que comprises à la lettre. La dernière occurrence, sous la forme d’une constatation ou d’un rappel de la réalité, intime implicitement l’ordre de clore la discussion. Ces exemples démontrent l’intérêt crucial d’aborder dans les grammaires d’apprentissage la question de la pragmatique et donc, d’une part, de bien préciser les conditions d’emploi des modes verbaux dans leur sens canonique et, d’autre part, de ménager des éclairages sur les actes de langage indirects, mais éventuellement rituels, dans lesquels on risque de retrouver d’autres modes 516.

8 L’unité de description
Les observations précédentes soulèvent la question de savoir dans quelle unité de description grammaticale on pourrait regrouper les parties du discours et les constructions syntaxiques. Cette question est essentielle dans une réflexion didactique, car les différentes propositions de segmentation du flux de la parole vont influencer les représentations des apprenants, donc leur capacité et leur stratégie de décryptage et d’interprétation pragmatique lors d’interactions avec des francophones.

8.1 La phrase
Pour Klein & Kleineidam (1988 : 7), le terme de phrase conviendrait aussi bien à la description de la langue écrite qu’orale :
In der Regel bestehen [Texte] aber aus einer Folge von gesprochenen oder geschriebenen Sätzen617.
Cependant dès que l’on travaille sur des interactions spontanées complètes, et non sur de brefs segments, la difficulté de découper des unités qui correspon­draient à des phrases grammaticales est omniprésente. S’il est certes possible d’isoler des segments qui, sans problème, pourront être considérés comme des phrases (ex. : est-ce que vous pouvez patienter ?), que faire de la séquence suivante : bon là on a pris la part Essen après y a la part réponse hein que qui pareil hein ? La classer parmi les phrases demanderait tout un travail de « réparation » consistant à prendre l’écrit comme seul modèle et donc, à effacer toutes les marques d’oralité considérées comme des scories ou bien de simples fautes relevant de l’incompétence du locuteur.

8.2 L’acte de langage
Qu’en est-il de l’acte de langage comme unité de description ? Cette notion développée par Austin et Searle permettrait de rendre compte du sens d’énoncés comme :
est-ce que Monsieur Gard est là s’il vous plaît?
En effet, nous avons ici une interrogation, mais qui, en fait, exprime une prière (comparable à vous avez l’heure s’il vous plaît?). Mais les actes de langage, pouvant difficilement être classés en fonction de critères formels, sont soumis à une interprétation plus ou moins subjective, et ce même entre locuteurs natifs. Donc, même si cette notion est particulièrement opératoire dans une didactique communicative et actionnelle, elle ne saurait faire office d’unité de description grammaticale. En outre, dans les interactions authentiques, on rencontre un très grand nombre de séquences regroupant manifestement plusieurs unités distinctes que l’on pourrait considérer comme des macro-actes de langage.

8.3 La macro-syntaxe
C’est en tenant compte de cette macro-dimension que Blanche-Benveniste (2005 :113-157) a mis au point un modèle qui semble assez applicable pour structurer les énoncés en distinguant noyau, préfixe et suffixe, sans oublier d’éventuelles parenthèses ou incises. Le noyau est « l’unité minimale de macro-syntaxe, qui permet de former un énoncé autonome » (Blanche-Benveniste 2005: 114). Les éléments placés avant ou après ce noyau seront dénommés préfixe ou suffixe (Blanche-Benveniste 2005: 116). Ainsi la séquence extraite de notre corpus:
si c’est en avril nous on (n’)a pratiquement plus de place là je crois 
pourrait se segmenter comme suit :
Préfixe : si c’est en avril
Noyau : nous on (n’)a pratiquement plus de place là
Suffixe : je crois
Cette structuration présente un double intérêt. D’une part, elle permet de rendre compte d’unités « problématiques », dans le sens de «  difficiles à considérer comme des phrases correspondant aux normes », telles que:
l‘assortiment des camions qui c‘est qui donne l‘ordre
Préfixe : l’assortiment des camions
Noyau : qui c’est qui donne l’ordre ?
ou même de l’exemple:
Bon là on a pris la part Emden après y a la part réponse hein pareil hein
Préfixe : bon là on a pris la part Emden
Noyau : après y a la part réponse hein
Suffixe : pareil hein.
D’autre part, elle permet d’aborder les énoncés oraux sans avoir recours à des notions de manque ou de non-conformité aux normes du code écrit. Cette structuration n’est pas sans rappeler la distinction en thème et rhème, abordée dans la Grammatik des heutigen Französisch (Klein et Kleineidam 1983 : 282-284), qui, en reflétant tous les développements d’une interaction, offre nombre de retombées pour l’enseignement des langues, surtout dans une perspective professionnelle.

9 Les limites de l’analyse grammaticale de la communication orale
Il faut cependant être conscient qu’une analyse uniquement basée sur le matériel verbal ne peut rendre compte de la communication orale. Il nous faut intégrer les phénomènes paraverbaux, comme nous l’avons vu supra avec le débit dans le cas de la négation, et non verbaux comme dans l’exemple ci-après :
Nous c’est arrivé et puis les gens maintenant j’sais ce qui s’est passé hein l’histoire des pièces l’ont ouvert ils ont regardé ils ont pas trouvé exactement ce qu’y avait (+ sifflement + geste de la main de droite à gauche).
Le sifflement et le geste expriment que les pièces en question ont été mises au rebut. Il est particulièrement intéressant de remarquer que le système de macro-syntaxe présentée ci-dessus peut aussi intégrer ces éléments :
Préfixe : nous c’est arrivé
Noyau (première partie): et puis les gens
Parenthèse (composée d’un noyau et d’un suffixe): maintenant je sais ce qui s’est passé hein l’histoire des pièces.
Noyau (deuxième partie): l’ont ouvert ils ont regardé ils ont pas trouvé exactement ce qu’y avait
Suffixe : sifflement + geste
Ce recours aux matériels paraverbaux et non verbaux pouvant être, en fonction des individus et des cultures, plus ou moins important et, donc nécessaire à la compréhension, il est indispensable de les intégrer à l’analyse, si le but est de décrire la communication orale authentique et pas seulement un système linguistique.

10 Conclusion
Existe-t-il un manuel de grammaire se terminant par une conclusion ? Cela est certainement rarissime. C’est pourquoi nous voudrions clore cette contribution, bâtie comme ces manuels, par deux questions. Pourquoi élaborer une gram­maire de l’oral professionnel spontané et comment en établir la base ?
Pour quelle(s) raison(s) vouloir décrire le code oral ? L’intérêt d’une description grammaticale de la langue parlée est de donner aux professeurs des ouvrages de référence livrant les explications les plus précises possibles des phénomènes linguistiques fréquents et aux étudiants des instruments d’apprentissage afin d’améliorer en premier lieu leur connaissance de ce code et, par conséquent, sa compréhension. En effet, compte tenu de l’écart important en français entre l’écrit et l’oral, il s’agit d’éviter aux apprenants d’être confrontés, lors de leurs premières rencontres avec des francophones, à des types d’énoncés qu’ils seront incapables de décrypter, car leurs éléments, leur formulation et leur pragmatique n’auront jamais été traités dans un cadre normatif dépassant le caractère individuel de chaque interaction.
La Grammatik des heutigen Französisch et la Französische Grundgrammatik de Klein et Kleineidam ont déjà ouvert la voie à une intégration de la langue parlée dans les manuels de grammaire. Ni les indices prosodiques, ni les particularités morphosyntaxiques, ni les interprétations pragmatiques n’y manquent. Ren­forcer cette tendance est absolument nécessaire. Les grammairiens se devront donc de poursuivre cette œuvre en concevant encore plus de passerelles entre les phénomènes morphologiques et syntaxiques et d‘autres domaines tels que la prosodie, la pragmatique et le non-verbal, facettes que l’on ne saurait gommer de la communication sans en alterner considérablement le sens. De même dans le cadre des échanges internationaux, il leur faudra également porter une attention particulière aux différentes variantes francophones tant dans les champs lexicaux que dans les structures syntaxiques.
Seconde question : sur quelle base établir ces descriptions grammaticales de l’oral professionnel spontané? L’élaboration de manuels de grammaire spécifiques à la langue parlée ou l’intégration systématique des descriptions des phénomènes oraux dans un seul ouvrage faisant place aux deux codes, exigent un travail de recueil de données authentiques, issues du monde du travail pour l’oral professionnel spontané, afin de constituer un corpus qualitativement et quantitativement représentatif permettant d’en dégager des régularités en fonction des fréquences d’utilisation.
Or, la constitution d’un tel corpus ne va pas de soi, tant entreprises et organisations se montrent réticentes à l’idée de laisser entrer un linguiste muni de son matériel d’enregistrement. Cela peut s’expliquer par le caractère confi­dentiel des documents ou des entretiens, mais aussi par le manque de visibilité des résultats de telles recherches. Il importe donc de bien montrer la place et l’importance de la linguistique dans la société en général et dans le monde du travail en particulier ainsi que les retombées tant internes qu’externes de ce type d’enquêtes.


Bibliographie
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Blanche-Benveniste, Claire (2010). Le français. Usage de la langue parlée. Leuven-Paris : Peeters.
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Courtillon, Janine (1985). Pour une grammaire notionnelle. In : Langue française 68 n°1, 32-47.
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Kerbrat-Orecchioni, Catherine (2001). Les actes de langage dans le discours – Théorie et fonctionnement. Paris : Nathan
Klein, Hans-Wilhelm & Hartmut Kleineidam (1983). Grammatik des heutigen Französisch für Schule und Studium. Stuttgart : Ernst Klett Schulbuchverlag.
Klein, Hans-Wilhelm & Hartmut Kleineidam (1985). Französische Grundgrammatik für Schule und Weiterbildung. Stuttgart : Ernst Klett.
Le nouveau Bescherelle (1984). La grammaire pour tous. Dictionnaire de la grammaire française en 27 chapitres. Frankfurt am Main : Diesterweg.
Mauger, Gaston (1968). Grammaire pratique du français d’aujourd’hui. Langue parlée langue écrite. Paris : Hachette
Mercelot, Gérard (2000). La négociation commerciale. Contribution à la didactique pour publics spécifiques. Bochum : AKS-Verlag.
Mercelot, Gérard (2006). Négociations commerciales et objectifs spécifiques. De la description à l'enseignement des interactions orales professionnelles. Bern : Peter Lang.
Neu, Julia (2011). Mündliche Fachtexte der französischen Rechtssprache. Berlin: Frank & Timme.
Portier-Weber, Elisabeth (1988). Das Phänomen „DE explétif“ im modernen Franzö­sisch. Thèse de doctorat. Université de Bochum.
Thörle, Britta (2005). Fachkommunikation im Betrieb. Interaktionsmuster und berufliche Identität in französischen Arbeitsbesprechungen. Tübingen: Gunter Narr Verlag.
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Wittgenstein, Ludwig (2000). Wiener Ausgabe. “The Big Typescript“. Wien: Springer-Verlag.


1    Ne m’appartenant pas de juger de l’influence d’un des deux auteurs sur le contenu des ouvrages  quant à la langue parlée, j’emploierai à chaque fois le pluriel.
2  Les deux procédés de formation (constat de problème ou constat problème) peuvent se retrouver      dans une même interaction.
3   Ainsi le syntagme marchés actions, synonyme de bourse, figure dans La lettre Assurance de BNP Paribas de janvier 2014.
4   Voir entre autres Courtillon (1985: 32-47).
5   Par contre, la première personne pluriel de l’impératif s’emploie très souvent pour introduire des  hypothèses ou des exemples (ex.: disons, mettons).
6    Klein & Kleineidam mentionnent cet emploi soit dans le code écrit (1983 : 84), soit dans le code écrit et la langue parlée soutenue (1985 : 35), ce qui n’est pas le cas dans notre corpus.
7    Blanche-Benveniste (1990: 86) avait déjà fait cette constatation.
8    Le nom de l’entreprise a été modifié par l’auteur.
9    Intervention est à comprendre ici dans le sens que lui a donné l’analyse de conversation : « cette     unité est […] produite par un seul et même locuteur. C’est la contribution d’un locuteur particulier     à un échange particulier » (Kerbrat-Orecchioni 1996 : 37)
10  Egalement à comprendre dans le sens de l’analyse de conversation : « la première intervention          sera dite initiative, et la seconde réactive » (Kerbrat-Orecchioni 1990 : 236)
11   Il faut comprendre: les aérateurs destinés à l’exportation vers la Chine.
12     Il s’agit d’une campagne prévue pour l’année 1984.
132  Cet emploi temporel se retrouve aussi dans les courriels professionnels (ex. : nous avons étudié avec la plus grande attention comment vous recevoir sur l’une des deux journées que vous nous proposez).
143  Correspondance privée de l’auteur avec E. Portier-Weber.
154 De La grammaire pratique du français d’aujourd’hui : langue parlée, langue écrite (Mauger 1968) à La grammaire pour tous (Le nouveau Bescherelle 1984).
165 Cf. entre autres Kerbrat-Orecchioni (2001).

176Ludwig Wittgenstein emploie également le terme de Satz pour désigner une unité de sens : « Kann man denn etwas Anderes als einen Satz verstehen ? » (Wittgenstein 2000 : 15)